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Le psychodrame

Psychanalyse & techniques

"Au commencement était l'action", S.Freud in Totem & Tabou

Le psychodrame psychanalytique

Le psychodrame psychanalytique individuel ou groupal est une approche thérapeutique qui permet, grâce au jeu et au faire semblant, de mettre en scène et de représenter des aspects de la vie psychique. Cette thérapie permet notamment au patient d'exprimer ses angoisses et ses craintes à travers des scènes imaginées ou réelles. Il peut être proposé aux enfants, adolescents et adultes.

Les origines du psychodrame  :

Le théâtre de la spontanéité de Moreno :

 

Dans les années 1920, Jacob Lévy Moreno- un psychiatre d'origine roumaine contemporain de Sigmund Freud, passionné d'art dramatique et explorant les phénomènes de groupe- crée à Vienne le « théâtre impromptu » ou « théâtre de la spontanéité ».

Il s'agit d'un théâtre de créativité et d'expression spontanée . Un drame vécu où l'acteur joue, avec ses propres mots, sa propre histoire. Sa technique active se focalise sur le désir de renforcer les capacités d'affirmation de soi.

 

Il s'agit d'un théâtre de créativité et d'expression spontanée . Un drame vécu où l'acteur joue, avec ses propres mots, sa propre histoire. Sa technique active se focalise sur le désir de renforcer les capacités d'affirmation de soi.
Théâtre de la spontanéité de Moreno

Le psychodrame psychanalytique individuel :

 

Le psychodrame psychanalytique individuel a presque 70 ans, il a été introduit dans l'après-guerre, à l'hôpital des Enfants-Malades à Paris, par Serge Lebovici.

 

Lebovici, comme tout psychanalyste d'enfants était habitué à recourir à des « médiateurs », tel que le jeu, pour pallier à une expression verbale insuffisante chez les enfants. Il utilisait souvent les marionnettes et s'était rendu compte que par ce biais les enfants vivaient des « séquences dramatiques à travers lesquelles leurs pulsions, leurs angoisses, leurs mécanismes de défenses se réalisaient et s'exprimaient avec une authenticité remarquable. » Aussi a-t-il eu l'idée de faire jouer les enfants sans les marionnettes. Ce qu'il nomme d'abord « psychanalyse dramatique de groupe ». Il remarque que dans les traitements individuels, à savoir un enfant et un groupe de thérapeutes, la dynamique est différente. C'est pourquoi, en collaboration avec d'autres psychanalystes, dont René Diatkine, Evelyne et Jean Kestemberg, Lebovici applique prioritairement ce qu'il appelle « psychodrame analytique individuel», au traitement d'enfants gravement perturbés.

 

Dans le même temps, le psychodrame morénien est introduit en France par des psychologues et des psychanalystes formés par Moreno. Ils pratiquent le psychodrame de groupe avec des enfants ayant des difficultés scolaire. L'objectif est d'acquérir une meilleure confiance en soi.

Assez vite, apparaissent des divergences qui ne cesseront d'accroître entre les deux courants de psychodrame. Le psychodrame morénien vise la décharge des tensions et des conflits. Quant au psychodrame psychanalytique individuel, il tend plutôt à la prise de conscience des conflits internes non pas pour les évacuer mais pour en favoriser l’élaboration et ce en aménageant leur représentation sur la scène du jeu.

Le psychodrame de groupes pour enfants et adolescents, une approche thérapeutique particulièrement pertinente.

Le psychodrame psychanalytique groupal :

Les précurseurs sont Didier Anzieu et Daniel Widlöcher. Le dispositif comprend un groupe de patients et des thérapeutes. Il est surtout pratiqué avec des enfants et des adolescents. Les enfants choisissent un thème et distribuent les rôles. La dynamique de groupe et les différentes identifications sont observées. A ces âges, le groupe des pairs peut avoir une fonction contenante de soutien narcissique et permettre le déplacement des investissements  affectifs jusqu'alors réservés aux parents.

Les indications pour le psychodrame psychanalytique sont diverses et variées. En effet, cette approche est indiquée pour toutes les personnes qui ont des difficultés à associer librement à savoir à dire ce qui leur traverse l'esprit sans faire de tri et sans à priori (une image, une idée, un rêve, un mot, un sentiment...)

Comment cela se passe t-il ?

Le psychodrame de groupe, une approche particulièrement pertinente avec les adolescents.

 

Un premier entretien a d'abord lieu avec le patient afin de lui expliquer les règles de fonctionnement du psychodrame psychanalytique individuel, notamment le secret professionnel et la règle de la libre association commune à la cure psychanalytique où il s'agit de dire tout ce qui vient comme ça vient. Ici, la règle devient "tout jouer ou tout représenter".

Lors de cette première rencontre, la règle du « faire semblant" , clé de voûte du psychodrame, sera abordée. Au psychodrame, on ne touche pas mais on fait semblant, on ne fait pas mais on mime l'action.

A la suite de cet entretien, si le patient est prêt à s'engager dans la thérapie, une première séance a lieu. Pour ce faire, plusieurs personnes seront impliquées dans ce psychodrame dont le patient, un directeur de jeu qui organise le jeu mais qui ne joue pas et les co-thérapeutes qui feront office d’acteurs. C’est le patient qui proposera la scène à jouer et qui répartira les rôles. C'est le Directeur de jeu qui peut clore la scène ou l'interrompre pour faire une remarque.

Pour en savoir plus :

Pour ceux qui veulent en apprendre d'avantage, le site d'information Psynem propose un riche tour d'horizon du psychodrame et du psychodrame psychanalytique individuel.

Lectures pour approfondir le sujet :

Le psychodrame analytique, ouvrage de Didier Anzieu.

"Une première partie expose la découverte de Moreno, les notions de prise de rôle, de spontanéité et de catharsis sur lesquelles elle repose et l'évaluation qui peut en être faite du point de vue psychanalytique. Une seconde partie précise, à l'aide d'exemples cliniques, la technique du psychodrame analytique chez l'enfant et l'adolescent. Une troisième partie traite de la formation par le psychodrame."


Le psychodrame psychanalytique individuel.

"Si le psychodrame individuel n'est pas une panacée, il peut aider nombre de personnes qui n'ont  pas accès à l'analyse ou l'ont vécue comme un échec. Son apport est considérable chez l'adolescent. C'est aussi un moyen de formation incomparable pour le jeune analyste qui accepte de s'exposer devant ses pairs."

 

Patrick Delaroche, psychanalyste et pédopsychiatre, est directeur d'un hôpital de jour pour adolescents.